Tous ensemble, Ouaip! Ouaip!
C'est à croire que j'ai toujours eu du sang révolutionnaire dans les veines...
A l'école primaire, en CM1, y'avait une maîtresse qui corrigeait nos cahiers avec un gros feutre fushia qui fichait en l'air tout le style bien cool de mon cahier. Alors un jour, sous son putain de "satisfaisant" l'expression que j'ai toujours eu en horreur pour la plattitude rébarbative que ça m'évoque, j'ai écris "je n'aime pas votre rose"... Elle a balancé ma table par terre, j'ai été au coin toute la matinée et j'ai changé d'école (pour une autre raison: ma mère s'était elle aussi révolutionnée contre la même bonne femme mais pour d'autres raisons que je n'ai pas bien compris à l'époque, mais moi j'étais contente, comme ça y'avait plus de gros rose moche sur mes beaux cahiers).
Au lycée j'étais déléguée de classe et dès que y'avait manif, on se faisait des réunions avec toute la classe pour refaire le monde, il ne manquait pas une seule personne à l'appel et tout le monde avait son mot à dire, même les prof venaient y assister. Une fois aussi je m'étais tellement pris la tête avec un prof d'économie qui lisait les mêmes cours horriblesks depuis 20 ans que toute la classe s'étais soulevé contre lui après que je sois sortie en claquant violemment la porte.
Aujourd'hui, c'est non seulement toute mon équipe qui se soulève à mes côtés mais aussi les équipes des autres régions du groupe contre les conditions d'embauche: miroitage de postes d'ingénieurs où tu te retrouves à vie technicien avec la grille de salaire qui va bien; conditions de travail: aucune perspective d'avenir, toujours plus de travail avec des primes qui se diminuent de moitié tous les ans, presse citron de la part de la hiérarchie dans des conditions de crise économique épouvantable sur le terrain (terrain, que la haute cravateuse ne cotoie plus depuis 2 ans)... Bref c'est l'implosion avec des départs de collègues tous les mois et une direction qui reste campée sur son pouvoir. Les irréductibles de l'ouest, c'est nous, mon équipe! Ca a commencé par un avertissement donné à un de mes collègues alors que ce n'était pas du tout mérité. J'ai juste lancé le "on devrait contrer en équipe, sinon il n'a aucune chance". Tout le monde a répondu favorablement. La lutte a été acharnée, mais la direction encaisse les coups et garde ses positions et rien ne bougera. On était 7 au mois de mai, 6 au mois de juin, 5 au mois de juillet. 2 ont passé le premier entretien d'embauche et passent bientôt le 2ième, les 2 autres (moi y compris) sont sur des envois de candidatures spontanées, étant donné qu'on veut carrément quitter le monde agricole. L'ultime vengeance? Se barrer sur un coup théâtral tous ensemble pour qu'ils se retrouvent sans plus aucun larbin pour exécuter leurs basses besognes selon leurs protocoles bien rigides à la con.
Après... si j'arrive à faire ce que j'ai en tête, si ça marche, je pourrais utiliser toute cette énergie positivement dans des associations et être super épanouie dans mon boulot. J'ai peur, c'est super dur en ce moment parce qu'on est tous au bout du rouleau avec des maux de tête, de ventre et des dos et jambes coincées. On doit être horribles à vivre, mais c'est pour cette raison première qu'il faut qu'on tienne pour rebondir, là maintenant, pendant qu'on a encore l'énergie. Alors on applique ce qu'on nous a appris: le travail d'équipe, on s'encourage les uns les autres et on ne laisse pas un seul de nous 4 désespérer. Les dés sont lancés, que mon avenir me donne une fois de plus raison... que c'est quand on se bat pour le respect des valeurs humaines qu'on gagne.