Et l'Euskadi espagnol
En pays Basque espagnol, t'as des parkings -au bout d'une piste qui est au bout d'une petite route sinueuse- qui sont quasi déserts la nuit où tu peux poser tranquille ton bivouac... et qui deviennent le point de rassemblement d'une centaine de personnes le lendemain devant tes yeux tous collés de sommeil qui surveillent sur le réchaud l'eau de ton premier café de la journée.
Au pays basque espagnol, t'as aussi des grandes villes avec plein de gens dedans sauf que la chaleur fait qu'ils sont tous atteints d'une surdité latente: du coup ils parlent tous très forts... d'ailleurs on en prend aussi vite l'habitude, ce qui fait que quand on revient en France... on oublie un peu sa retenue habituelle...
Au pays basque espagnol, y'a une ville qui s'appelle Bilbao où t'as un musée appelé Guggenheim. J'en avais jamais entendu parler avant que la toute à l'est me bassine les oreilles avec. N'empêche que dedans finalement, y'a une expo de ferraille tordue qui sort des purs sons résonnants que je n'ai pas pu m'empêcher d'y jouer gaiement de la gimbarde. Y'avait aussi une expo étonnante qui de loin donnait une drôle d'impression d'un rassemblement de morts vivants, qui en fait était une expo ephémère de personnages en argiles représentant la Chine sous Mao. L'argile séchant s'éclate et donne ces fractures étranges sur des personnages qui étaient à la bases tous pourtant super beaux.
En Espagne, entre Bilbao et San Sebastian, il y'a une côte magnique parsemée de petits villages avec des coins de paradis. Il y'a notamment un monastère avec à ses pieds un aquarium vivant: dorades, mulets, oursins de toutes les couleurs, rougets, étoiles de mer, bans de sars, plies et tous les autres que je ne saurais nommer. Il y'a aussi à Ondarrata une petite plage naturiste sympathique où il y'a plein de copines. A Mundaka tu peux aussi nager tranquilement pendant que le papy remonte avec sa chaise dans l'eau progressivement au gré de la marrée. Mundéo habilles-toi en bleu si tu tombes par hasard sur une fête indépendantiste.
Et puis voilà, après tout ça, tu ne te rends pas compte sur le coup de combien t'as déconnecté, combien c'est bon d'y être et de pouvoir partager. C'est vrai qu'on est super différentes, qu'il y'a des fossés qui nous séparent comme deux mondes, deux planètes qui n'ont rien à voir... d'ailleurs à coup sûr, on ne se serait même p't'être pas croisé si on avait fait ce voyage à la même date chacune selon ses idées et envies. Et c'était le pied. C'était le pied tous ces moments complices, c'était chouette de se plaire même après -voire pendant- les moments où on n'était pas en accord. Avant la toute à l'est, je n'avais pas eu cette chance de connaitre une nana à qui je tiens comme une amie mais avec qui j'ai aussi un plaisir terrible à faire l'amour. C'est comme si en l'absence du coup de foudre, libérée de toute peur de perdre et désir de prendre, le plaisir d'être amantes prennait le dessus. C'est fort et c'est beau tout en étant léger et libre. Je me sens moi, tout à fait moi, comme elle reste elle-même et puis ce nous, et bien il brille, nous répare jusqu'à ce qu'un jour on trouve chacune celle qui nous correspondra sans doute mieux, mais en attendant... je suis vraiment heureuse de cette aventure.