la page tournée
Hier soir, j'étais invitée chez mon ex-voisin à venir voir le match de rugby contre les blacks. Comme j'avais promis à mon pote le Korrigan de regarder le match au cas où il apparaitrait à l'écran habillé des pieds à la tête en costume bigouden, ça tombait nickel. Là bas il y'avait une autre nana et un mec. J'ai bien rigolé avec c'te nana super férue de rugby, qui nous expliquait les règles du jeu au fur et à mesure. Et puis ils étaient tous gentils, simples, sympas quoi. C'était un bon moment. Le match s'est terminé, je n'ai point vu ma fripouille de korrigan à l'écran, mais malgré cette déception de taille, on a continué la soirée à zapper sur n'importe quelle chaine jusqu'à tomber sur l'émission popstar. Et là -évidement comme de par hasard- y'avait un mec plutôt trèèès éfféminé et bon je l'accorde... super gonflant, et vas-y que les mecs le traitent de tarlouze, et que ça rigole grassement d'un sentiment de supériorité d'être un mec, un vrai! Gnarf devant l'escalade des injures j'ai préféré me taire, faire silence jusqu'à ce qu'on me prenne à parti. Là je n'ai juste pu dire un truc con style "les pédés sont mes amis", j'allais poursuivre mais vu le silence géné que ça a provoqué, j'ai sourit comme une cruche et je m'en suis tenue là... Mais en même temps la flemme de faire un coming out dès que je rencontre des gens, c'est pénible!!! Alors j'ai laissé tomber, j'ai laissé dire tout en ne prenant jamais parti devant les considérations de genre, essayant quand même de leur ouvrir un peu les yeux, mais pfff sans grande conviction... à quoi bon...
Après, je les ai accompagné dans un petit bar de nuit, encore sans grande conviction, mais quand j'ai vu tous ces mecs sûrs de leur pouvoir attrayant me regarder, couler sur moi leurs regards les plus ténébreux, les nanas me mater comme une menace toxique pour leur plan drague, j'ai eu l'impression d'être victime d'une machine à remonter le temps, de revenir des années en arrière quand je sortais beaucoup en boite de nuit. Pourtant j'avais l'impression d'atterrir dans un monde totalement à l'envers! Complètement décalée, je regardais les gens complètement hallucinée. Bref, j'ai tenu un quart d'heure... C'est marrant, y'a des pages qu'on tourne dans la vie sans en prendre vraiment conscience, c'est seulement quand on revient quelques chapitres en arrière qu'on mesure l'évolution géante qu'on a connue, évolution tellement en accord avec soi-même qu'on se demande comment on pouvait supporter ce malaise. Malaise que je sentais par tous les pores de ma peau rejaillir complètement débridé. Je ne sais pas si c'est la perspective de mon anniversaire qui m'a fait dire ça, mais pour le coup, reprenant le volant de mon elfiko-mobile et laissant la boite derrière moi, je me suis dit que c'était bel et bien fini ce temps là :o))
Pourtant quand j'y pense les boites homos ne doivent pas être bien différentes, j'me rappelle cette nana qui m'avait sauté dessus, c'était pas plus subtil comme drague que celle d'un mec, pourtant je l'ai repoussée gentillement alors que si ça avait été un mec, ça m'aurait lourdé beaucoup plus. Enfin j'sais pas, ce sont deux ambiances totalement différentes quand même, on dirait que chez les hétéros tout va de soi, alors qu'en boite gay c'est le mélange complet de tout. D'un autre côté je me suis déjà fait pousser et quasi insultée par des connasses en boite hétéro parce que j'y étais avec ma copine. On ne faisait rien d'autre que danser et s'embrasser comme n'importe quel couple hétéro! "y'a des boites pour ça" disaient-elles avec lamoue de dégoût la plus écoeurrée.
Bon je corrige: en fait ce sont deux cultures TOTALEMENT différentes, en boite gay on ne reprochera pas d'être homo ni hétéro, on te fera pas un flanc non plus si tu préfères largement mieux la nana d'à côté, on regarde pas les gens avec une tronche d'ahuri sceptique dès que le genre est ambigu! Les soirées gay que j'ai pu faire, bon y'en n'a pas beaucoup et en plus j'étais bien accompagnée, mais j'y ai toujours eu le sentiment d'être privilégiée pour fêter une liberté qui n'est pas donnée à tout le monde, celle de célébrer l'amour universel, sans agressivité aucune, les frontières entre les gens étant repoussées très loin, la tolérance ouvrant une vaste place pour la sympathie entre tous les gens.
Bref... ça faisait bizarre... je vais dire un truc pas sympa... mais... ça faisait bizarre à travers cette fin de soirée et dans ce bar de nuit du coin... de retomber si bas.