Bis repetita

Apparemment, ma mère, moi, ma soeur, ma cousine on est des menteuses. Apparemment, il veut encore m'appeler. Pour se venger, se déculpabiliser devant sa femme, ma marraine qui a appris la semaine dernière qu'il est pédophile.

Je suis presque prête. Sauf que cette fois, je ne le laisserai pas parler. La dernière fois j'avais écouté, chaque mensonge, terrifiée par l'horreur de ce mec, mon grand père. J'avais quand même réussi à le rembarrer, en utilisant la méthode du miroir pour le remettre devant ses responsabilités et contrer catégoriquement son comportement de victime. Il a eu sa chance de parler, il a choisi de me prendre pour une idiote. C'était son choix. Qu'il avait mûrement réfléchi tellement son discours était bien construit. J'ai bien fait d'écouter, car maintenant je sais toute sa mauvaise foi, je connais la vibration de mon ennemi. J'avais retranscrit par écrit toute notre conversation pour ma mère et ma soeur. C'est ma meilleure arme pour le battre cette fois. Cette fois... je parle et lui subit. Je veux que sa femme, ma marraine, entende. Je veux lui renvoyer son poison, sa noirceur en pleine face, en pleine lumière et qu'il vive chacun de ses derniers jours avec jusqu'à ce qu'il crève.

J'ai utilisé sa technique, j'ai écrit tout ce que je veux dire. Ca tient sur 3 pages d'écriture rageuse de la colère qui explose. J'ai un argument choc auquel il ne s'attend pas que j'avais gardé dans ma manche, pour le coup final. Après je pourrais raccrocher et considérer qu'il est mort. J'ai peur mais je ne dois pas avoir peur. Cette peur n'est pas réelle, c'est la sienne, c'est lui qui l'a fabriquée de toute part, c'est un lâche, je suis plus forte que lui, je dois être plus forte que lui, il ne faut pas que j'ai peur, il n'y a plus aucun danger imminent, le mal est fait, le mal est entré. A la limite il faut que je m'en serve pour comme quand on joue au badminton ou au tennis, pour utiliser la force de l'adversaire, renvoyer son boulet de canon en visant juste bon angle, canaliser et gagner le point, le match. Je n'aurai peut être pas besoin de la colère pour agir, j'aimerais avoir la contenance de la justice, rester calme et centrée pour lui renvoyer ses horreurs en clair et net. Et dire Adieu.

C'est ma seule chance, il n'y aura pas d'autre occasion. Mais si jamais j'y arrive pas, ce n'est pas grave, il ne faut pas que je m'en veuille. Si jamais je panique, si jamais il m'atteint, si jamais en dernier recours j'arrive pas à me mettre en colère pour me protéger, si jamais je bafouille, si jamais je gerbe, si jamais je m'écroule, si jamais j'peux pas décoincer un seul mot... Aux 3 petits points, il vient d'essayer d'appeler et je me suis mise à trembler de tout mon corps avec le coeur qui cogne fort dans la poitrine, ça été tellement violent. J'ai pas pu décrocher. Bordel, il faut que j'y arrive.