La guêpe raide
Comme en 2oo7 et 2oo9, le grand soleil était au rendez-vous avec une chaleur à cuire sur le bitume pour la piqûre de rappel de la gay pride. Oui être fière d'être, être fière de tenir sa Douce contre soi et de pouvoir la regarder avec des étoiles dans les yeux au lieu d'être occupée à guetter les mauvaises réactions homophobes qui ont tendance à se multiplier et à se durcir ces derniers temps. Être fière de retrouver les copines, la toute à l'Est avec la webjardineuse, la Connectée avec la Force Blanche, la Bicolore avec la Cynik... toutes épanouies... c'était un chouette cadeau dans toutes ces couleurs. Toutes ensemble.
Sauf que finalement, la guêpe raide en elle-même, j'avais l'impression qu'il y avait plus de paraître que d'émulation forte comme j'ai pu ressentir aux anciennes prides où je me sentais vraiment portée par le nombre de personnes concernées. Là, à vrai dire, je sentais un peu comme rendez vous raté... j'y croyais vraiment à cette marche, je pensais vraiment que ça pouvait changer les choses, donner un message fort qui permettrait d'ouvrir les esprits et nous donner une réelle existence avec des droits communs aux autres citoyens de ce pays... je ressortais de là gonflée à bloc! Mais là... je sais pas... La visibilité c'est bien, mais le carnaval... je ne sais pas... Les 3 minutes de silence pour les victimes du SIDA oui, mais y'a pas que les homos qui le chopent et quid des gens passés à tabac ou insultées juste pour s'être tenu la main ou pour un baiser? De ces longs moments de solitude au taf? Moi c'est ça que j'avais envie de crier au milieu de ces 3 minutes, parce qu'on en est là aujourd'hui. Capitale de France ou pas.
La preuve... il a suffit qu'on se laisse un peu dépasser par le défilé pour retrouver les regards au milieu des camions de CRS qui pour la plupart affichaient leur fucking tronche dédaigneuse. Je suis sortie de cette gay pride plutôt raide, sans ce sentiment de plénitude que je venais chercher. Mais le mieux c'est encore après, en sortant de la soirée "Fières". Tu parles! Je crois que je n'ai jamais été aussi peu fière. On était tellement de meufs agglutinées à cette soirée, sans possibilité de sortir dans la rue, bref comme dans un camps de retranchement, que c'était mission impossible rien que pour danser. Mais c'est pas le pire. Le pire c'est quand on est sorti avec les potes et qu'un taré s'est collé à ma zouze, j'ai bien vu qu'il n'était pas tout seul, j'ai bien senti qu'il fallait se la fermer, surtout quand j'ai failli partir en live et que la Connectée a jeté ce regard qui m'a arrêtée net. Non pas une deuxième fois. Alors on a continué notre route essayant de passer au dessus quand une bière balancée de l'autre coté de la 4 voies s'est explosée contre la vitrine devant laquelle on passait avec d'autres meufs. L'auteur du geste en face nous beuglant dessus comme s'il voulait nous tuer.
Ouaip... Résultat de la Guêpe raide, j'suis rentrée avec une piqûre de haine mal contrôlée, une poussée de violence aux creux des poings serrés fort dans mes poches dans un silence entrecoupé de "NAN" aux 10 pauvres cons de pechnos qui m'ont demandé une clope sur le chemin du retour. J'peux te dire que y'en a pas un qui a discuté. Le lendemain on descendait à Rennes, un punk bourré gueulait sur les gouines en s'adressant à sa mouf couverte de bleus et le bras cassé, si les punks s'y mettent aussi... Le goût amer je l'ai ramené jusqu'à chez ma Zouze. En me réveillant pour l'amener au taf, j'avais la gerbe, 5 Km plus loin l'amertume est partie en larmes de colère. Pourquoi on nous fout pas la paix, rien que ça? Qu'est ce que ça peut faire?
Prochaine Guêpe raide, ça sera le festigay de Gourin, le samedi 7 août, y'a à peine 3 ou 4 chars tirés par des tracteurs avec des bottes de paille, y'a même pas un seul camion de crs mais y'a une caravane à fleurs et puis au moins quand tu marches, puisque si t'es à une centaine devant 4900 spectateurs, chaque pas que tu fais ensemble est grand. Et quand le public commence à remplacer son air suspicieux contre un vrai sourire, là tu marches vraiment tête haute. Après y'a l'after dans la boîte gayfriendly du bourg, je n'ai jamais été, mais ce coup-ci ça me tenterait bien... J'ai même p't'être un endroit sympa pour camper... Qui vient?