sieste réparatrice
Il ne faudrait pas que je... sombre. Trop tard, le sommeil me tombe dessus comme un coup de masse, je n'arrive plus à rouvrir les yeux, l'opaque m'engloutit comme je perds conscience.
Je reviens à la vie dans un salon d'un autre temps, autre saison, la nuit tombe. Il y'a des cristaux dans les lustres et une cheminée; sur la table basse des préparatifs pour une réception. D est là, sa mère nous parle toujours aussi enjouée et pleine de rires. Je ne sais pas bien ce que je fais là, mais je ne peux m'empêcher de sourire à cette femme qui m'a toujours bien aimée.
Je finis par me tourner vers D pour la regarder bien en face, comme on affronte ses pires peurs. Elle est juste pareille qu'autrefois. Ses yeux ont cette lueur douce d'innocence que je connais par coeur quand un doute lui fait perdre confiance en elle. Ca me serre le coeur tous ces sentiments, ces repères qui me viennent intacts. Sa mère disparait, on se retrouve sur le canapé et je lui fais l'amour. C'est étrange. C'est étrange parce que finalement ça n'a rien d'extraordinaire. C'est étrange parce qu'elle découvre l'amour lesbien, avec tout son plaisir enchaîné, réprimé. Elle me dit qu'il faut qu'elle se lève tôt pour préparer la réception et d'un coup apparaissent des réveils partout affichant 7h07.
J'essaye d'ouvrir les yeux plusieurs fois, je n'y arrive pas, et retombe autant de fois dans la scène lui faisant l'amour, avant de pouvoir enfin me réveiller, avec cette impression étrange: 19h07. Je me traine jusqu'à la douche pour émerger. Et c'est comme une évidence: oui toutes ces dernières années, 7 exactement, c'est D que j'ai recherché... parce que c'était D mes repères, D l'extraordinaire, D mes limites. Je n'en avais juste pas conscience. Je ne sais pas pourquoi mon âme m'a donné ce rêve maintenant, je n'avais pas rêvé de D depuis des années. Et puis c'est bizarre un rêve qui est aussi clair, enfin qui me parle à ce point. Ce qui est sûr, c'est que c'est libérateur, en prenant conscience de ça, je m'en libère en m'enlevant des limites qui ne servent à rien, pfuiit 12 ans de vie en moins à trainer. Ce sont 12 ans qui comptent bien évidement, mais qui n'ont plus de poids oppressant sur aujourd'hui. Le cordon est coupé...
Si seulement S me parlait encore... je me demande bien ce qu'elle aurait dit, mais je garde ça pour la prochaine sieste <:o)))